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Un été sous le signe des montres de plongée françaises

Pour explorer les abysses ou les piscines azur, les « plongeuses » françaises se jettent volontiers à l’eau. Solides, pratiques, fonctionnelles, ces montres se démarquent par leur excellence et leur esthétique sportive. Sélection thématique de 12 montres à la French touch.

Nation maritime, d’exploration sous-marine mais aussi de tradition horlogère, la France représente un riche terrain d’expression en matière de montres de plongée. L’horlogerie française naît au XIIIème siècle à Paris, avant de s’ancrer et se développer dans l’Arc jurassien franco-suisse. Les montres françaises se caractérisent aujourd’hui par leur excellence et leur indépendance créative. En 2020, l’UNESCO leur offre une reconnaissance mondiale avec l’inscription au patrimoine culturel immatériel de l’humanité des savoir-faire franco-suisses en mécanique horlogère et mécanique d’art.

Parfait exemple de la montre-outil, la montre de plongée se développe dès les années 1930, principalement en réponse aux besoins militaires. Étanchéité, résistance à la corrosion et à la pression, les horlogers relèvent des défis de taille pour fiabiliser leurs mécaniques horlogères sous les eaux.
Des codes forts émergent, comme l’utilisation de larges boites et de cadrans ultra lisibles, notamment grâce à un fond noir et des aiguilles claires. Mise au point dans les années 1950, la fameuse lunette rotative, capable de mesurer le temps passé sous l’eau, améliore la sécurité de plongées devenues récréatives. Les attributs d’une montre de plongée sont officiellement précisés dès les années 1980 par la norme ISO 6425. Ils exigent, par exemple, une étanchéité à 100 mètres, une lisibilité à 25 cm dans l’obscurité totale, une résistance aux variations de températures, un moyen de mesurer la durée des plongées et un bracelet résistant à une traction équivalente à une vingtaine de kilos.

Aujourd’hui, les montres de plongée françaises expriment la richesse et l’excellence du genre – dédiées aux professionnels, 100% françaises, innovantes, techniques et bien entendu remarquables par leur luminescence. De quoi susciter des envies d’adrénaline ou d’élégance sport-chic à la française.

Les collaborations militaires et professionnelles

Les collaborations entre les forces armées et leurs fournisseurs, dont les horlogers, demeurent hautement confidentielles, à de rares exceptions près. Parmi elles, la JB200 du marseillais Jacques Bianchi équipait la Marine nationale française dans les années 1980. Cette pièce, aujourd’hui très recherchée, est ponctuellement rééditée. La marque Ralf Tech a bâti sa réputation en fournissant de nombreuses unités de forces spéciales, dont le Commando Hubert de la Marine nationale. Sa WRX Electric Petrodive – réalisée pour le spécialiste éponyme des travaux subaquatiques – reste étanche jusqu’à -1000 m. MAT Watches, spécialiste des montres militaires, notamment pour la Légion Étrangère et le GIGN, a décliné son modèle Compressor aux couleurs de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM).

Mouvements et assemblages 100% français

Pequignet fait figure d’exception : cette manufacture française de haute horlogerie conçoit et assemble ses propres calibres en interne, dont le « Calibre Royal » de la Pequignet Royale Extrême 300 – très fiable avec ses 88 heures de réserve de marche. Ralf Tech lui doit également le mouvement mécanique automatique de « The Beast », montre étanche à -4000 m. Autre calibre totalement français, lui aussi, le récent France Ébauches automatique, que la maison Akrone destine à sa collection C-02 Heritage, un hommage aux plongeuses des années 1950 annoncé pour fin 2023. Les modèles à fond plein de la collection C-02 répondent en outre aux exigences de la norme ISO 6425. Enfin, la maison Humbert-Droz équipe sa HD9 Atlantique avec le G100, calibre produit en Suisse – par son partenaire La Joux-Perret – mais entièrement assemblé en France, à Besançon, par les horlogers dans l’atelier familial de la marque.

Le galbe de la forme "coussin"

Dans leur quête de l’étanchéité, les horlogers ont exploré – avec succès – les possibilités offertes par les boitiers de forme coussin. Ainsi, Herbelin, maison fondée dans le Jura français en 1947 et qui a conservé son indépendance, a choisi cette forme de boite galbée pour sa Newport Diver Automatic, étanche à 300 m. Ses lignes s’inspirent de modèles très en vogue produits par la marque dans les années 1970. De même, Briston a choisi un « carré cambré » pour sa collection Clubmaster Diver Pro, façonné dans l’acier brossé ou poli, ou alors dans un très original acétate noir ou brun.

Une lunette interne pour mesurer le temps

Pour mesurer le temps passé en immersion, deux « écoles » se distinguent : celle de la lunette externe et celle de la lunette interne – plus rare que la première. Cette construction offre à ce composant essentiel une protection supplémentaire en lui évitant chocs et manipulations accidentelles. Les réglages s’effectuent grâce à une seconde couronne. Sur la Baltic Aquascaphe Dual-Crown, étanche à 200 m, celle-ci se place à 2 heures et, non-vissée, permet de réaliser des ajustements même sous l’eau. LIP fait ce même choix pour sa Nautic-Ocean – portée par de grands navigateurs comme Eric Tabarly ainsi que par les équipes du Commandant Cousteau. La récente version 7e Continent possède un bracelet composé de plastiques retirés de la Méditerranée et recyclés.

Indispensable luminescence

Les informations de l’affichage des montres de plongée doivent se lire jusque dans les profondeurs obscures. Pour ce faire, les horlogers ont recours à des matières qui emmagasinent la lumière puis la libèrent dans le noir – la luminescence de couleur bleue étant la plus efficace. La maison comtoise Yema a garni l’ensemble du cadran de sa Yema Superman Maxi Dial Full Lume – par ailleurs équipée de son calibre manufacture YEMA2000 – de Super-Luminova BGW9 Grade A, la plus performante. Le manomètre, instrument indispensable en plongée, a inspiré à Reservoir le design audacieux de l’Hydrosphère Air Gauge. Son cadran s’illumine intégralement dans le noir, et une valve à hélium rend sa boite particulièrement technique.

Les plongeuses françaises : un océan de technicité et d’esthétique

Chacune des plongeuses créées par les horlogers français déploie son propre éventail de détails techniques et esthétiques, avec une personnalité forte liée à l’histoire de chaque maison. Tout comme la pratique des sports aquatiques, ces montres-outils plaisent beaucoup. Au poignet, elles se démarquent (et se remarquent) en effet grâce à leur beauté puissante, née des exigences des profondeurs. Les horlogers continuent de répondre aux envies du public et aux besoins des professionnels en améliorant performances et design de leurs montres de multiples façons : diamètres massifs aux étanchéités remarquables, mise au point de systèmes innovants de sécurisation des lunettes et des couronnes, bracelets avec extension plongeur à réglage rapide, ou encore utilisation de nouveaux matériaux… Ne reste plus qu’à tester les favorites en conditions, pourquoi pas dans l’océan ou les mers qui bordent la France – pays où exploration subaquatique et excellence horlogère s’entendent décidément à merveille.

Accélérateur de développement des filières françaises de l’horlogerie, de la bijouterie-joaillerie et des arts de la table, Francéclat décrypte les tendances de ces marchés, met en lumière l’excellence des savoir-faire, dynamise la création, stimule l’innovation et provoque des rencontres entre professionnels de ces secteurs d'activité, favorisant ainsi leur rayonnement international.