Interview de Félix Poché, Directeur Général de l’Atelier Perceval : l’art de la coutellerie française entre tradition et innovation

Pouvez-vous nous raconter la naissance d’Atelier Perceval ?

L’histoire d’Atelier Perceval, c’est avant tout celle d’une rencontre entre deux passionnés. Emmanuel Chavassieux, un artisan coutelier, et Éric Perceval, tout aussi passionné par le couteau d’exception. Ensemble, ils décident en 1996 de fonder Atelier Perceval, avec une conviction forte : à une époque où les importations chinoises commençaient à inonder le marché, il fallait défendre le Made in France et la qualité.
C’est cette philosophie qui nous anime encore aujourd’hui. Si je devais résumer la marque en trois mots, je dirais savoir-faire, créativité et qualité

Pouvez-vous nous présenter votre équipe et le fonctionnement de l’atelier ?

Nous sommes aujourd’hui 22 collaborateurs, dont plus de quinze en production. L’atelier fonctionne comme une petite ruche où chacun a sa spécialité : montage, affûtage, polissage, ajustage… Et surtout, nous avons toujours eu à cœur de former la nouvelle génération.
Nous accueillons régulièrement des apprentis issus du Centre de Formation de Thiers, qui est une véritable référence dans la coutellerie française. Ils viennent de toute la France, parfois même de plus loin, pour apprendre ce métier d’excellence. Nous les intégrons à l’équipe dès leur arrivée, car la transmission est une valeur essentielle chez Perceval.

Quels sont vos produits phares ? Y a-t-il un modèle emblématique de la maison ?

Sans hésitation, notre couteau 9.47. C’est notre modèle iconique, celui qui incarne l’esprit Perceval. Il a été imaginé pour combiner performance, confort et élégance. Ce couteau, nous l’avons ensuite décliné pour la cuisine, avec de nouveaux matériaux, de nouvelles teintes, et toujours cette même exigence de fabrication.
Nous aimons explorer : bois naturels, bois stabilisés et teintés, matériaux composites… Certains sont français, d’autres plus exotiques. Nous jouons sur les textures, les finitions, et nous créons régulièrement des séries limitées. Ce travail sur la matière est devenu un véritable moteur de créativité.

Où peut-on retrouver vos produits aujourd’hui ?

Nous avons un site e-commerce depuis de nombreuses années, ce qui était assez novateur pour une petite maison artisanale. C’est un canal qui nous permet de garder un lien direct avec nos clients.
Nous sommes aussi présents dans des coutelleries spécialisées et dans quelques grands magasins, comme le Bon Marché à Paris. Nous collaborons avec des enseignes de référence comme la Maison Simon, qui partage nos valeurs d’exigence et d’authenticité.
Le réseau de distribution a beaucoup évolué, notamment dans les arts de la table, où il reste peu de points de vente indépendants. C’est un environnement en mutation, mais cela nous pousse à nous réinventer sans cesse.

L’Atelier Perceval rayonne désormais au-delà des frontières. Quels sont vos marchés prioritaires ?

Les États-Unis représentent aujourd’hui notre principal marché à l’export. Malgré un contexte parfois incertain, nous continuons à y investir, convaincus du potentiel à long terme.
Nous travaillons aussi en Europe, de manière plus opportuniste, sans stratégie structurée pour le moment. L’Asie fait partie de nos réflexions à venir.
Nous privilégions une approche partenariale : par exemple, nous avons un partenariat fort avec Revol USA, la filiale américaine de la célèbre manufacture Revol. Ensemble, nous défendons une vision commune du savoir-faire français.
À l’étranger, nous travaillons beaucoup avec les chefs, les hôtels, les restaurants gastronomiques. C’est un univers exigeant, mais passionnant, qui valorise pleinement la qualité de nos couteaux.

Quelle est votre approche de la responsabilité sociétale et environnementale ?

Chez Perceval, nous n’avons pas attendu que la RSE devienne un mot à la mode. Depuis toujours, notre démarche est locale et responsable.
La quasi-totalité de nos fournisseurs se trouve à moins de 20 kilomètres de Thiers. Nous travaillons avec des partenaires de confiance, souvent de petites entreprises avec lesquelles nous avons une vraie proximité.
Nous ne cherchons pas à accumuler des labels : notre fierté, c’est la transparence et la cohérence. Quand un client curieux vient nous rencontrer, nous n’hésitons pas à lui faire découvrir tout notre écosystème local. C’est ça, pour moi, la vraie responsabilité : savoir d’où viennent les choses et comment elles sont faites.

Quels sont vos projets pour les années à venir ?

L’année 2026 sera une étape importante : nous allons emménager dans un nouveau bâtiment. Ce projet est à la fois excitant et structurant.
Nous avons beaucoup grandi ces dernières années – passant de 12 à 22 collaborateurs en trois ans – et il était temps d’adapter notre environnement de travail. Ce déménagement va nous permettre de stabiliser nos équipes, d’améliorer nos flux de production et de continuer à progresser sans perdre notre esprit artisanal. L’objectif est clair : consolider nos bases avant de repartir sur une nouvelle phase de développement.

Le mot de la fin.
Quel message souhaitez-vous adresser aux professionnels qui découvrent Atelier Perceval ?

Je leur dirais que nous sommes une maison fidèle à ses valeurs. Nous fabriquons en France, avec exigence, dans le respect des traditions et des hommes.
Nos produits sont beaux, durables, accessibles, et porteurs d’une vraie histoire. Et surtout, nous continuons à former et transmettre : c’est ce qui nous anime chaque jour. Chez Perceval, le couteau n’est pas un simple objet — c’est le prolongement d’un savoir-faire vivant.